L’espace dédié à la religion ne relève pas de la théologie. Il est plus précisément consacré à certaines traditions bien ancrées dans nos régions.

On y trouve un Clou de la Sainte-Croix avec certificat d'authenticité épiscopal, la croix dite de la Bonne-Mort, des chapelets, des mutterlattes (petites statuettes), des cadres funéraires ornés de couronnes de cheveux d’un parent défunt, cadres généralement déposés dans de petits oratoires familiaux où se mêlaient couronne de jeune mariée et souvenirs d'enfance. On y découvre aussi des amulettes de protection de Sainte-Agathe, des couteaux croisés pour conjurer le mauvais sort. Dans ce département, une foule de curiosités provenant souvent de lieux de pèlerinage se mêlent les unes aux autres. Elles témoignent de l'omniprésence des traditions populaires et religieuses dans la vie quotidienne de nos ancêtres.

Les couronnes de perles de verre exposées en ce lieu décoraient les mausolées. Elles étaient fabriquées par des détenus purgeant leur peine dans des pénitenciers. L’outillage et le matériel nécessaire à la confection de ces couronnes était de taille très modeste et ne constituait aucun risque pour les gardiens.

Un imposant cercueil dit cercueil des sans-sou, interpelle et laisse songeur chaque visiteur. Celui que l’on découvre ici provient de la commune voisine de Bourrignon. Il était utilisé lorsqu’un vagabond ou un passant d’origine et de provenance inconnues venait à décéder sur le territoire communal. Le défunt était déposé dans le cercueil, on procédait aux obsèques selon la tradition et, au terme des cérémonies, le défunt était descendu en terre simplement enveloppé dans un drap. Le cercueil était alors lavé et déposé au hangar communal. Il arrivait également que des familles modestes aient recours à l’usage de ce cercueil.

L’utilisation des crécelles (caquias) date du Moyen-Age. Ce dispositif de bois qui permet d’actionner de petits marteaux sur un réceptacle de bois produit un vacarme assez conséquent surtout en ce qui concerne les modèles des grandes tailles placés au sommet des clochers. Elles étaient activées pour appeler les fidèles aux offices du vendredi saint au jour de Pâques, alors que les cloche étaient partie pour Rome ! Dans nos villages les enfants parcouraient les rues et les habitants leur offraient de modestes présents, en général un œuf ou petite pièce de monnaie. Cette tradition subsiste encore à Châtillon et Montfaucon.

Mais la crécelle avait aussi une autre fonction. Elle était actionnée en cas d’épidémie et lors du passage de malades atteints de la lèpre, de la peste ou d’autre maladies infectieuses. Dans certaines fermes retirées on avait recours à la crécelle pour appeler le personnel travaillant aux champs à l’heure des repas.

La fête des Brandons, véritable hymne à la nature et à la fécondité, se déroulait au soir du premier dimanche de carême. Elle remonte aux années 1300 et s’est répandue dans toute l’Europe. La nuit tombée, la foule se réunissait autour d’un grand feu allumé à l’écart des habitations. Les enfants dansaient en ronde à la lueur des flammes et les garçons tournaient les fâyes (torches de bois enflammées) dans les champs voisins en invoquant la nature à être généreuse. Le vin chaud et les chants donnaient un véritable air de fête à cette rencontre autour du foyer. Les jeunes mariés recevaient vœux et compliments et la fête se terminait quand les flammes retombaient. Il existait une sorte de concours entre les villages qui rivalisaient d’astuces pour que leur feu soit visible le plus loin à la ronde.

La visite de cet espace est une invitation aux hôtes du musée à partir à la rencontre des traditions populaires dont Célestin Hornstein, parle si bien dans son livre consacré aux Fêtes et légendes du Jura Bernois, paru en 1924.